Bye Bye Tibériade

L'affirmation selon laquelle le personnel est toujours politique s'applique rarement autant qu'à la recherche complexe d'identité du peuple palestinien. Lina Soualem est la première de quatre générations de femmes à être née en exil. Sa mère, Hiam Abbas, a quitté son village natal de Deir Hanna, près de Tibériade, où sa famille avait été déplacée après la création d'Israël, pour s'installer en France. C'est là qu'elle a réalisé son rêve de devenir actrice et s'est libérée du carcan des rôles féminins au Moyen-Orient. « J'avais l'impression d'étouffer ! », se souvient Hiam, qui se rappelle également la colère de son père lorsqu'elle lui a annoncé qu'elle voulait épouser un Anglais. Que signifiait pour une femme émancipée de grandir dans ce système patriarcal et quelles stratégies de survie la mère de Hiam, restée au pays, et ses sept sœurs ont-elles développées ? Que serait devenue Hiam si elle était restée dans ce petit village et que serait devenue Lina, dont les vacances d'été à Tibériade sont racontées dans des vidéos privées des années 90 ? La cinéaste plonge au plus profond des souvenirs de ces femmes et met au jour ce qui avait été refoulé. À travers cette quête cinématographique de ses racines, Soualem réussit un portrait familial féministe qui tente de combler les lacunes de son histoire familiale et qui est lié au traumatisme palestinien de l'expulsion.